Publications dans la presse russe en 1999 - 2006 |
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Universites de Suisse |
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"Le but strategique est la cooperation scientifique avec la Russie" |
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M. Claudio Fischer, Chef de l’Unite Cooperation bilaterale de recherche du Secretariat d’Etat a l’education et a la recherche, Confederation suisse, donne un signal de depart pour developper ensemble avec les amis russes «Physique, chimie, pharmaceutique, materiaux, energetique, IT, energie hydrogenique, c’est des domaines ou nous savons qu’il y a un potentiel tres grand en Russie. Ces domaines sont extremement interessants pour nous. Nous avons un grand know-how, nous pourrions donc cooperer ensemble et avoir des valeurs ajoutees pour les deux cotes.» Valéry Altoukhov / "Swiss Vision", 2005 Jeudi 27 oct 2005, 9h00, Berne |
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«La plus grande majorite vont soit a l’Ecole Polytechnique Federale de Lausanne, soit a l’Universite de Geneve»
Swiss Vision : Monsieur Fischer, vous venez en Russie en decembre, dans la Delegation des Recteurs des universites suisses avec M. Charles Kleiber, Secretaire d'Etat a l'education et a la recherche, a sa tete. Les recteurs de quelles universites viennent en Russie? Claudio Fischer: Alors, il y aura certainement Prof. Andre Hurst, Recteur de l’Universite de Geneve, Prof. Patrick Aebischer, President de l’Ecole Polytechnique Federale de Lausanne, et Prof. Dr. Alexander Zehnder, President du Conseil des ecoles polytechniques, qui est donc une espece de Board des ecoles polytechniques. Les ecoles polytechniques sont des ecoles federales, comme vous le savez, et les universites sont cantonales. SV : Est-ce qu’il y a d’autres recteurs d’universites qui viennent en Russie? Claudio Fischer : Pour le moment ce sont ces trois. C’est pas encore decide, il y a certains recteurs qui doivent prendre position. SV : Quelles sont les universites et etudes en Russie que chosissent les etudiants de Suisse dans les programmes de mobilite? Claudio Fischer : Alors effectivement nous n’avons pas encore enormement d’information, mais il est clair que les universites avec lesquelles la Suisse coopere le plus c’est l’Universite d’Etat de chimie et technologie Mendeleev et l’Universite d’Etat technique de Moscou Baumann. SV : Est-ce que ces universites russes sont inclues au programme des visites de votre Delegation de Suisse? Claudio Fischer : Oui, on le fait. SV : Quelles universites et ecoles polytechniques de Suisse chosissent les etudiants et doctorants de Russie? Claudio Fischer : Ils choisissent un peu toutes les universites, mais la plus grande majorite vont soit a l’Ecole Polytechnique Federale de Lausanne, soit a l’Universite de Geneve qui seront representees dans cette mission, ou alors aussi a l’Universite de Bale, notamment dans le domaine pharmaceutique. SV : On sait que le domaine pharmaceutique est tres ferme pour les etrangers . Claudio Fischer : Oui, c’est vrai, mais il y a encore la des collaborations particulieres avec l’Universite de Bale je saurai pas les chiffrer actuellement, mais.. elles sont la. SV : Actuellement le nombre de bourses federales octroyees annuellement sur base bilaterale aux citoyens de Russie pour leurs etudes dans les universites de Suisse est fixe a 4 plus 1 bourse artistique. La Suisse offre egalement chaque annee de 15 a 20 bourses pour les pays de l’Europe centrale et orientale. Le nombre de bourses pour les etudiants russes va-t-il augmenter? Claudio Fischer : La Russie etant un des pays prioritaires du Secretariat d’Etat, l’objectif a l’horizon 2008-2009 est notamment l’augmentation du nombre de bourses octroyees a la Federation de Russie. SV : Est-ce que les doctorants de Russie beneficient de bourses et auxquelles conditions? Claudio Fischer : La Confederation ne soutient pas de programme particulier. Certaines universites suisses ont, quant a elles, certainement developpe des programmes boursiers pour les doctorants russes. SV : Cette annee le monde celebre le centenaire de la theorie de la relativite de Albert Einstein, diplome de l’Ecole Polytechnique Federale de Zurich ETHZ, fruit du systeme universitaire de Suisse depuis un siecle. Maintenant la Suisse passe au systeme de Bologne, dont l'objectif est de renforcer la competitivite de l'Europe, elle unifie et standardise un espace europeen d'enseignement superieur. Que font les universites suisses pour decouvrir Einstein dans chaque etudiant? Claudio Fischer: Cette une bonne question et difficile en meme temps. Disons, la Suisse est petite, et donc ne peut pas utiliser tous les resultats d’etudes et ingenierie. Pour maintenir le niveau obtenu de science et technologie il faut effectivement avoir les meilleurs etudiants. Ces derniers peuvent etre suisses ou aussi peuvent etre etrangers. La decouverte se fait a partir du niveau de Master, parce que le systeme suisse oblige les universites suisses a prendre toute personne qui ait la maturite et qui desire etudier. Alors la l’universite n’a pas de possibilite de choix tandis qu’a partir du Master l’universite peut choisir. Et la, bien sur, elle choisira les etudiants qui, a son avis, sont les meilleurs pour continuer.
«La cooperation doit se faire sur une base de reciprocite totale : si nous mettons un franc, on demande a l’autre pays de mettre un franc aussi, afin que pour la cooperation de deux pays il y ait deux francs en disposition» SV : Quel est le budget annuel de la Suisse pour la recherche? Claudio Fischer : C’est une question qui n’est pas tres simple a repondre. La Confederation finance la recherche fondamentale par le Fonds National de la Recherche (FNS) dont le budget est d’environ 450 millions de francs par annee, et la recherche appliquee par le biais de la KTI/CTI, l’Agence pour la promotion de l’innovation, avec un budget de 200 millions de francs par annee. Maintenant les universites et les ecoles polytechniques, elles utilisent aussi une partie de leur budget pour financer la recherche. Mais ca, c’est un chiffre qui n’est pas chiffrable, en fait. Et donc, si on prend en gros les estimations, on peut dire qu’on devait arriver a entre 1 et 1,5 milliards par annee. SV : Comment vous faites repartir la recherche entre les universités, poles de recherche, l’industrie? Claudio Fischer : L ’industrie, elle fonctionne a son compte, et elle fait beaucoup de recherches. Elle finance deux tiers de la recherche totale, mais quand on regarde au niveau des universites, il y a de la concurrence : c’est-a-dire essayer d’acceder au Fonds de la recherche en soumettant les meilleurs projets, ou attendre la decision interne de l’universite qui decide de financer un des projets de recherche. SV : Quelle est la repartition entre les recherches fondamentale et appliquee? Claudio Fischer : En ce qui concerne la recherche financee par la Confederation on est a peu pres a deux tiers fondamentale et un tiers appliquee. SV : Comme responsable de la cooperation bilaterale dans la recherche, parlez, svp, Monsieur Fischer, des recherches sur une base bilaterale et multilaterale. Claudio Fischer : Au niveau multilateral la Suisse investit aujourd’hui chaque annee 500 millions de francs pour participer aux programmes de l’Union Europeenne, notamment aux programmes cadres, pour participer a de grandes institutions surtout europeennes multilaterales comme le CERN (The European Organization for Nuclear Research), l’ESA (The European Space Agency), l’ESO (The European Southern Observatory) et d’autres. Pour la cooperation bilaterale la Suisse n’a pas encore le budget. L’idee pour la prochaine periode financiere 2006-2007, c’est de demander au Parlement un budget particulier pour developper la cooperation bilaterale avec un certain nombre de pays prioritaires que nous definirons. Ces pays seront la Chine, le Japon, l’Inde, la Coree, mais egalement notre souhait, la Russie. Cette cooperation doit se faire sur une base de reciprocite totale : si nous mettons un franc, on demande a l’autre pays de mettre un franc aussi, afin que pour la cooperation de deux pays il y ait deux francs en disposition. SV : Qui sont parmi les partenaires essentiels de la Suisse – l’Union europeenne, les Etats-Unis, le Japon? Claudio Fischer : Effectivement l’Union europeenne parce qu’on est membre a part entiere de differents programmes. Les Etats-Unis sont aussi nos partenaires importants parce que nous avons enormement de cooperations avec les Etats-Unis. Le Japon fait partie de ce groupe des pays prioritaires pour la prochaine phase. SV : Quelle est la dynamique des relations avec la Chine, l’Inde? Claudio Fischer : La Chine et l’Inde, comme le Japon et la Coree sont parmi les pays prioritaires pour la prochaine phase. Donc, nous sommes en train de declarer des relations tres etroites.
«Nous ne connaissons pas encore assez la Russie» SV : Quel est le role de la Russie? Claudio Fischer : La Russie, donc maintenant nous arrivons dans une phase d’exploration, et pour suite, de cooperation. Et apres ce voyage il s’agira ensuite de definir exactement les prochaines etapes pour implanter une cooperation bilaterale a long terme. SV : Quelle est votre opinion sur le niveau des partenariats russo-suisses d’aujourd’hui ? Claudio Fischer : Le probleme est que nous ne connaissons pas encore assez la Russie, et il s’agit maintenant de la comprendre, de la decouvrir, et ensuite au niveau politique de demarrer un processus : pour les experts s’asseoir ensemble et essayer de definir une strategie commune. C’est pour ca que nous allons dans ce cas-la rencontrer M. Andrey Foursenko, Ministre de l’education et la science de la Russie, pour qu’en quelque sorte on arrive a qui-quand, ce qui nous permettra dans les prochains six mois avec les collegues russes a mon niveau de definir une strategie qu’on puisse ensuite faire avaliser par la politique. SV : Quels domaines de cooperation avec la Russie, a votre avis, doivent etre approfondis : cosmos, physique, chimie, pharmaceutique, materiaux, energetique hydrogene ? Claudio Fischer : Je crois que vous avez en effet mentionne tous les domaines importants. C’est exactement les domaines qui nous interessent, et il est clair qu’il faudra peut-etre se focaliser sur ces domaines. Au niveau du cosmos on ne peut imaginer, puisque la Suisse n’a pas d’agence spatiale, mais qu’elle est tres engagee au niveau de European Space Agency, que la cooperation se fasse plutot par ce biais-la. SV : Et les autres domaines sont a votre avis importants ? Claudio Fischer : Ah oui, tres. Tout a fait, physique, chimie, pharmaceutique, materiaux, energetique, IT, energie hydrogenique. C’est les domaines ou nous savons qu’il y a un potentiel tres grand en Russie et qui sont tres interessants pour nous en particulier. Je dirais notamment la chimie et les materiaux. Nous avons un grand know-how, et donc ces domaines-la sont des domaines ou effectivement nous pourrions cooperer ensemble et avoir des valeurs ajoutees pour les deux cotes. SV : Je connais un groupe de recherche suisse qui travaille dans le domaine de l’energetique hydrogene qui a obtenu de bons resultats. Et vous savez vous-meme que la Russie y est tres forte. Claudio Fischer : A mon avis, il faut effectivement essayer de choisir un certain nombre de domaines prioritaires de cooperation, et pas essayer d’etre partout, mais en meme temps etre flexible. A certain moment le processus doit etre automatique dans le sens qu’il faut que les projets, l’interet viennent aussi du bas. Il faut juste creer un cadre au niveau politique.
«Dans le grand nombre de cooperations il est souhaitable d’avoir l’aspect innovation, l’aspect transfert technologique, et ceci se fait notamment avec l’integration des entreprises privees» SV : Est-elle possible la cooperation dans le domaine de R&D avec les jeunes bureaux de recherche et entreprises privees de Russie outre les Academies des Sciences et les universites ? Claudio Fischer : Bien sur, elle est possible. Je crois, nous, comme Etat, nous devons tout d’abord nous assurer que la cooperation entre les institutions de recherche publiques fonctionne. Mais il est clair que dans le grand nombre de cooperations il est souhaitable d’avoir l’aspect innovation, l’aspect transfert technologique, et ceci se fait notamment avec l’integration des entreprises privees. Bien entendu, il n’est pas question pour nous (ce sont des regles que nous avons en Suisse) de financer les entreprises privees. Donc, leur participation - oui, mais elles doivemt assurer elles-memes le financement de leurs recherches. SV : C’est l’entreprise qui doit financer la recherche ? Claudio Fischer : L’entreprise privee ne peut pas etre financee par l’Etat, en tout cas en Suisse. La cooperation, bien sur, elle est tres souhaitee, parce qu’elle permet d’avoir ce cote applique, innovation. Donc, aussi avec le regard sur le marche, pour nous la cooperation entre institutions de recherche publiques et entreprises privees est tres importante mais pas un franc ne peut aller qu’a l’institution publique. SV : Mais vous avez des contrats avec des entreprises privees etrangeres ? Claudio Fischer : Donc, un projet, admettons, avec une universite suisse, par exemple, et Geneve et Baumann, et une entreprise russe et une entreprise suisse, c’est parfait. Seulement nous financons l’Universite de Geneve, l’entreprise suisse doit se financer elle-meme sa participation. Et en Russie je peux imaginer que c’est assez similaire. SV : La Suisse occupe une position d'avant-garde de R&D dans les domaines de microtechnique, robotique, nanos, optique, nouveaux materiaux.... Pourtant les annonces sur les succes scientifiques et techniques de Suisse ne sont pas frequentes parmi les nouvelles en Russie. Que entreprend la Suisse en vue de populariser en Russie son progres. Claudio Fischer : Tout d’abord c’est en quelque sorte dommage, mais cela demontre encore une fois que la Suisse est petite. Malgre que meme la place scientifique suisse est bonne, la grandeur de la Suisse est que c’est difficile parfois de se presenter dans un pays aussi grand que la Russie ou les Etats-Unis. Alors notre premiere etape etait d’engager un conseiller scientifique a l’Ambasade, et je pense que la strategie de developper une cooperation bilaterale permettra de resoudre pas seulement ce probleme. SV : La Russie est bien connue en Suisse par ses physiciens, mathematiciens, programmeurs. La compagnie russo-italo-suisso-americaine A4Vision, specialisee dans le domaine des technologies biometriques, et creee par deux etudiants de l’Universite d’Etat Technique de Moscou Baumann, est devenue un des exemples remarquables de «l’histoire de succes» en Suisse. Pourtant, je sais de mon experience qu’on connait tres peu en Suisse le niveau de competence des compagnies high-tech russes d’aujourd’hui. D’apres vous, est-il possible de changer la situation et que peut-on faire pour cela, par exemple, creer des portails d’Internet, tenir des conferences, organiser des Roadshows d’entreprises russes en Suisse ? Claudio Fischer : Je crois qu’effectivement ce que vo u s dites est tres correct. Je crois qu’il y a enormement de choses qu’on peut faire. On est au debut d’une strategie, tout au debut. Et tout ce que vous mentionnez la doit faire partie de cette strategie pour vraiment creer une tradition de cooperation et pour connaitr e mieux l’autre partenaire : les Suisses en Russie et les Russes en Suisse. SV : Dans les ecoles polytechniques et universities de Suisse on met de plus en plus d’attention au financement de la recherche appliquee, a la creation des start-ups hi-tech, liens avec l’industrie. Par ex., a l’ EPFL en aout 2005 a ete institue un fonds destine a des projets lies aux nouvelles technologies et ayant un fort potentiel commercial, gere par l'equipe de Jan-Anders Manson, vice-president a l'innovation et a la valori s ation. En Russie de meme les derniers temps on fait beaucoup d’attention a la formation de l’infrastructure d’innovation. Claudio Fischer : Proposer c’est difficile , parce que ca depend toujours un peu du contexte ou l’on se trouve. Je crois qu’il y a differents instruments possibles, mais il est clair d’une facon generale que notamment dans un pays comme la Suisse le nombre de 97% d’entreprises represente les petites ou moyennes entreprises. Et il est absolument necessaire que les universites soient fortes dans l’innovation, dans la creation, la future commercialisation des resultats de recherche. Maintenant il y a de differentes possibilites, moi je dirais pour la Suisse. C’est un probleme europeen. Le probleme de l’innovation qui touche tout le monde, qui n’a pas de recette miracle. Tres souvent ca depend du contexte socio-politique, du contexte legislatif, du contexte juridique, par exemple du contexte lie aux taxes. Donc il n’y a pas de recettes miracles. Il faut vraiment l’adapter, le mettre dans le contexte. SV : En Russie est bien connue l’activite du Prof. Jean-Claude Badoux, Ancien President de l’EPFL, Ancien President de l’Academie Suisse des Sciences techniques, qui porte sur le developpement des rapports entre les ingenieurs et scientifiques de Russie et de Suisse. Dans les annees 90, a l'initiative du Prof. Jean-Claude Badoux avec un appui personnel et financier du Dr. Branco Weiss 150 ingenieurs de Russie et CEI ont ete invites a faire leur stage dans des entreprises industrielles de Suisse, 50 autres ingenieurs russes ont ete engages a l’EPFL. Les etudiants suisses commencent a venir faire leurs etudes en Russie. Claudio Fischer : Nous connaissons bien M. Badoux et aussi M. Weiss. Ce qu’ils ont fait pour la cooperation avec la Russie, c’est un pas tres important. Ils avaient un faible pour la Russie, nous etions tres contents, tres contents. D’autre part, il y a un accord qui a ete signe entre le Fonds national de la recherche suisse et l’Academie des sciences de Russie pour renforcer la cooperation, notamment pour analyser les echanges, organiser les seminaires. C’est bien, mais c’etait des initiatives quelque peu individuelles de personnes d’une institution. Nous voulons franchir l’etape pour aller au-dela. Nous voulons vraiement creer de vraies traditions d’echange, nous voulons responsabiliser les universites, afin qu’elles developpent des cooperations a long terme avec les partenaires russes. Donc ce qui a ete fait dans le passe etait tres important et il y a encore des signes aujourd’hui clairs. Mais nous sommes dans une optique tres individualiste dans le sens qu’un professeur connait un professeur, ca peut etre un echange. Nous voulons aller a un stade superieur, etre a une autre marche. Vous savez, moi je m’en suis beaucoup rejoui de ce voyage, mais ce n’est pas encore cent pour cent certain si c’est moi qui accompagne le Secretaire ou mon adjointe Mme Rachel Horner. Mais peu importe. Je crois que ce qui compte, c’est l’objectif. Nous voulons creer, developper une cooperation scientifique avec la Russie, c’est notre objectif strategique et a ce moment-la je voudrais vous donner un signal de depart pour developper ensemble avec nos amis russes.
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